Suite au succès de la mission Citroën,
Gaston Gradis, industriel qui, entre
autres activités construit les avions
Nieuport, fonde en 1923 la Compagnie
générale transsaharienne (CGT),
société de transports routiers dont le
général Estienne est président. Le but
de la CGT est de reconnaître et
d'équiper une route transsaharienne
devant convenir à l'établissement
d'une voie ferrée et d'une ligne
aérienne. La piste automobile étant la
base logique qui permet la
construction de la voie ferrée et des
aéroports.
La CGT met sur pied la mission
Alger-Niger, à travers le Tanezrouft,
dirigée par Georges Estienne, qui part
d'Alger le 9 novembre 1923 avec quatre
autos-chenilles Citroën et un avion
Nieuport à ailes repliables en
remorque. L'avion devant être utilisé
pour faire des reconnaissances
d'itinéraires à travers les dunes du
Grand Erg Occidental que la mission
doit traverser pour rejoindre
Timimoun. Mais l'avion se brise à
l'atterrissage dans les dunes
d'Hassi-el-Hamri.
En Novembre 1924, Gradis réitère avec
la second mision Gradis, sur le même
parcours, avec un hôte de marque : le
Maréchal Franchet d'Esperey, mais
cette fois avec des Renault à 6 roues
jumelées
La CGT résussit à déterminer la route
directe Reggan-Gao, évitant la
traversée de toute région accidentée,
d'erg ou de sable mou. L'obstacle
saharien disparaît et le Tanezrouft,
naguère redouté, se révèle
particulièrement favorable au roulage
des automobiles et à l'atterrissage
des avions. Cet itinéraire sera
emprunté les années suivantes par les
différentes missions qui franchiront
le Sahara tant par air que par terre
(voyage du maréchal Franchet
d'Esperey, raid Deligette, Croisière
noire, mission De
Goys...).
Or à Ouallen, il y a un des rares
puits permanents de la région, au sens
large: vers le Nord, il n'y a pas
d'eau avant Reggan, à 300km, et vers
le Sud, il n'y en a pas, sur
400km, jusqu'à Bordj le Prieur,
Ouallen est né de cette nécessité. .
Ultèrieurement, il survivra
essentiellement grâce à sa station
météo qui, entre autres servit lors
des essais atomiques, Gerboises
diverses, à Reggan
Première image de Ouallen
Le 12 Novembre 2012, Jacques Annic,
antèrieurement météorologue à Ouallen,
envoie le message
suivant:
.............un de mes
prédécesseurs(8 ans avant) m’a
contacté. Il s’appelle Jean-Marie
LAPORTE. Michel FERNEZ vient de lui
terminer son site aussi. Tu peux le
lire aussi. Fors dans son séjour à
Ouallen, il donne une photo qu’il
croit être le bordj Ouallen en
construction en novembre 1924. Si la
date est exacte, par contre l’ébauche
ne correspond pas à Ouallen car il y a
un fortin "(échauguette")” dans
l’angle SE alors qu’Ouallen n’en a
pas. En outre y pousse du drinn à la
sortie sud alors que c’est un endroit
surélevé et donc sec. Toi qui connais
tous les bordjs du Sahara, peux-tu lui
donner un nom? Je te joins la
photo
.
Ce fort, indubitablement, ressemble
fort aux images de Ouallen, à un
détail important près: il a ,
aux 4 coins, quatre petites
echauguettes, fort peu pratiques car
pas accessibles de l'intèrieur, alors
que le Ouallen actuel n'a que deux
grandes echauguettes, en diagonale,
accessibles de
l'intèrieur.
Le fort est manifestement en
construction.
Mais la photo présente un détail
important. les quatre véhicules qui y
stationnent ,et qui sont manifestement
des Renault à 6 roues jumelées, sont
les véhicules utilisés par la seconde
Mission Gradis qui
traverse le
Sahara en Novembre 1924
pour rejondre le Dahomey (Bénin actuel) .
Mais, détail génant, la Mission Gradis
n'était composée que de trois
véhicules Renault.
Or, il se trouve que , au même moment
que la Mission Gradis traversait
le Tanezrouft, un Capitaine,
Delingette, avait convaincu
Renault de mettre à sa disposition un
véhicule Renault 10CV à 6 roues pour
tenter de rallier Alger au Cap, en
solitaire, avec son épouse comme
passager, ainsi qu'un mécano
"usine"!
Le Capitaine et Mme
Delingette
Par ailleurs, à cette époque, peu
aprés l'assassinat du père de
Foucauld, le Sahara n'était pas trés
sûr et l'autorité militaire, toute
puissante, avait interdit à Delingette
de partir seul et exigé qu'il s'agrège
à la Mission Gradis.
Enfin, presque au même moment, le 19
Novembre 1924, le Lieutenant Paolacci,
à la tête d'une escadrille de trois
Breguet XIV tente de rallier Adrar à
Bourem (où il retrouvera le Maréchal),
au bord du Niger et atterrit à
Ouallen, pour la première
fois. C'est sans doute lui qui a pris la
photo de Ouallen avec les quatre Renault 6x6.
C'est l'escadrille du Lieutenant
Paolacci qui a pris la photo ci dessus
le 19 Novembre 1924
La photo du 19 Novembre
1924 vient de la pagede de
Jean Marie Laporte sur le
site du 3ème Groupe de
Transport.
Ne manquez pas d'aller
lire son "séjour à
Ouallen" en cliquant
l'image de la Compagnie du
Touat ci
contre
La
photo transmise par Jean Marie Laporte est
la même que celle publiée dans
le livre d'Henri de
Kerillis sur la seconde
mission Gradis
(Cliquez sur
le
livre).
Ouallen hier
Jacques Annic
Lucino Bovina sur
Jacques Annic - Météorologue à
Ouallen
J'ai tenu de février 1957 à mai
1958 la station météo d'Ouallen en
compagnie de 2 radios de la compagnie
saharienne et quelques goumiers.
Bordj Ouallen se trouve à 250 km au
sud de Reggan à 69 km à l'est de la
piste impériale. Sur Google Earth, on
distingue une petite tache sombre
encadrée de blanc positionnée :
24°36'26" N et 01°17' E.
Si l'été était plutôt calme en
raison de la chaleur (j'ai relevé 46°
sous abri les 15 et 16 août 1957),
l'hiver nous recevions parfois des
visites de missions de géologues dont
une équipée de 2 hélicoptères Alouette
2, d'hydrologues et même
d'anti-acridiens pour tuer les
criquets « à leur naissance » avant
qu'ils ne forment des « nuages ». Nous
eumes aussi la visite d'un peloton de
méharistes avec un lieutenant qui
était savoyard, 2 sous-officiers
radios et une dizaine d'indigènes.
Toujours pendant la saison d'hiver,
des caravanes de Touareg remontaient
des moutons du Sahel où ils les
élevaient pour approvisionner les
oasis du nord. Nous profitions pour
leur acheter un mouton pour nous
approvisionner en viande
fraîche.
Aimé Mollion, sur le site du 3éme
Groupe de Transport
écrit, dans les années
1960:
Ouallen, c’est un fortin abandonné,
entouré de barbelés et miné dans son
pourtour.
Il a été construit par l’armée pour
contrôler les allées et venues des
caravanes, des nomades.
Je crois que nous étions là, dans
le cadre d’une sortie organisée pour
les hauts gradés et leurs épouses
venues pour Noël. Il fallait donc un
radio… ce fût moi.
Le fait le plus marquant de cette
journée, pour moi, fut d’avoir à notre
table de bivouac un voyageur qui
traversait seul le désert avec son
méhari. Il venait de très loin et se
rendait au Mali. Il avait enlevé ses
chaussures et n’à accepté, pour tout
repas, que les friandises qu’on trouve
dans les boites de ration (confiture,
nougat etc.…).
Véhicules des "Météos"
Arriver à Ouallen et y entrer
Pour y aller, c'est relativement simple.
Arrivé à Bordj Weygand (ou Balise 250), depuis
Reggan ou Tessalit, sur la Piste Impériale N°2,
vous cherchez le panneau indicateur OUALLEN
et vous suivez la piste.
Arriver autrement à Ouallen
Images de Kerleo
Mais, Annic,
était, lui aussi, proche de la piste.
Or, en 1924, la seconde Mission Gradis traverse le
Sahara pour rejondre le Dahomey (Bénin actuel)
avec trois Renault à 6 roues. Le Maréchal Franchet
d'Esperey fait partie de l'expédition: il ne
s'agit donc sans doute pas de la mission
Gradis!.
Quoique...Car il se trouve qu'au même moment, le
Capitaine Delingette et son épouse, sur une
Renault 6x6, veut joindre Alger au Cap et que les
autorités militaires sahariennes lui ont interdit
un passage solitaire et que, pour traverser le
Tanezrouft, la seule solution est de partir avec
la mission Gradis!
Environs d' Ouallen
Tombe du Légionnaire
Heim Gilbert, sur Panoramio, le 22
juin 2009, a dit:
Dans les années 1957/1960 ce fort était une
station météo de l'armée. Je confirme qu'il y
avait des légionnaires d'origine allemande comme
l'atteste une tombe trouvée sur place d'un
légionnaire d'origine de Rheinbischofheim en pays
de Bade, près de Strasbourg. Une inscription sur
un grand rocher avant d'arriver au fort portait la
date du 24/12/1940 signé Kirche et Ottmann
Météorite de Ouallen
En 1936, Théodore Monod trouve, pas très
loin de Ouallen, deux météorites récentes
La météorite de Ouallen a été découverte en 1936
par Théodore Monod dans le Tanezrouft (Sahara
algérien). Selon le Meteoritical Bulletin
Database, la météorite est une chondrite ordinaire
de type H6. Elle est actuellement conservée au
Muséum national d’Histoire Naturelle de Paris. Le
poids total de la météorite est de 5,27 kg.
Balise
250 - Poste Weygand
Il n'en reste rien, ou presque, mais, c'est
là qu'il y a le panneau routier vers Ouallen.
Et au Sud de Poste Weygand, plusieurs sations
néolithiques dénichées sur le Bulletin de la
Socéité Préhistorique Française de 1953
Piste
de Poste Weygand à Ouallen
Attention à ne pas écraser les girafes
(24°32’24’’N et 01°17’E)