Forts du Sahara Central

                          

                       

FORT OUALLEN

1923-1932
24°36'24.35
01°17'12.58
Derniers Forts
Position en KML 

Carte Michelin 751

 

Génèse de Ouallen

Suite au succès de la mission Citroën, Gaston Gradis, industriel qui, entre autres activités construit les avions Nieuport, fonde en 1923 la Compagnie générale transsaharienne (CGT), société de transports routiers dont le général Estienne est président. Le but de la CGT est de reconnaître et d'équiper une route transsaharienne devant convenir à l'établissement d'une voie ferrée et d'une ligne aérienne. La piste automobile étant la base logique qui permet la construction de la voie ferrée et des aéroports.

La CGT met sur pied la mission Alger-Niger, à travers le Tanezrouft, dirigée par Georges Estienne, qui part d'Alger le 9 novembre 1923 avec quatre autos-chenilles Citroën et un avion Nieuport à ailes repliables en remorque. L'avion devant être utilisé pour faire des reconnaissances d'itinéraires à travers les dunes du Grand Erg Occidental que la mission doit traverser pour rejoindre Timimoun. Mais l'avion se brise à l'atterrissage dans les dunes d'Hassi-el-Hamri.

En Novembre 1924, Gradis réitère avec la second mision Gradis, sur le même parcours, avec un hôte de marque : le Maréchal Franchet d'Esperey, mais cette fois avec des Renault à 6 roues jumelées

La CGT résussit à déterminer la route directe Reggan-Gao, évitant la traversée de toute région accidentée, d'erg ou de sable mou. L'obstacle saharien disparaît et le Tanezrouft, naguère redouté, se révèle particulièrement favorable au roulage des automobiles et à l'atterrissage des avions. Cet itinéraire sera emprunté les années suivantes par les différentes missions qui franchiront le Sahara tant par air que par terre (voyage du maréchal Franchet d'Esperey, raid Deligette, Croisière noire, mission De Goys...).

Or à Ouallen, il y a un des rares puits permanents de la région, au sens large: vers le Nord, il n'y a pas d'eau avant Reggan, à 300km, et vers le Sud, il n'y en a pas, sur  400km, jusqu'à Bordj le Prieur, Ouallen est né de cette nécessité. . Ultèrieurement, il survivra essentiellement grâce à sa station météo qui, entre autres servit lors des essais atomiques, Gerboises diverses, à Reggan

Première image de Ouallen

 

Le 12 Novembre 2012, Jacques Annic, antèrieurement météorologue à Ouallen, envoie le message suivant:

 

.............un de mes prédécesseurs(8 ans avant) m’a contacté. Il s’appelle Jean-Marie LAPORTE. Michel FERNEZ vient de lui terminer son site aussi. Tu peux le lire aussi. Fors dans son séjour à Ouallen, il donne une photo qu’il croit être le bordj Ouallen en construction en novembre 1924. Si la date est exacte, par contre l’ébauche ne correspond pas à Ouallen car il y a un fortin "(échauguette")” dans l’angle SE alors qu’Ouallen n’en a pas. En outre y pousse du drinn à la sortie sud alors que c’est un endroit surélevé et donc sec. Toi qui connais tous les bordjs du Sahara, peux-tu lui donner un nom? Je te joins la photo  

.

 

Ce fort, indubitablement, ressemble fort aux images de Ouallen, à un détail important près:  il a , aux 4 coins, quatre petites echauguettes, fort peu pratiques car pas accessibles de l'intèrieur, alors que le Ouallen actuel n'a que deux grandes echauguettes, en diagonale, accessibles de l'intèrieur.

Le fort est manifestement en construction.

Mais la photo présente un détail important. les quatre véhicules qui y stationnent ,et qui sont manifestement des Renault à 6 roues jumelées, sont les véhicules utilisés par la seconde Mission Gradis qui traverse le Sahara en Novembre 1924 pour rejondre le Dahomey (Bénin actuel) .

 

 

Mais, détail génant, la Mission Gradis n'était composée que de trois véhicules Renault.

Or, il se trouve que , au même moment que la  Mission Gradis traversait le Tanezrouft, un Capitaine,  Delingette, avait convaincu Renault de mettre à sa disposition un véhicule Renault 10CV à 6 roues pour tenter de rallier Alger au Cap, en solitaire, avec son épouse comme passager, ainsi qu'un mécano "usine"!

 

Le Capitaine et Mme Delingette

 

Par ailleurs, à cette époque, peu aprés l'assassinat du père de Foucauld, le Sahara n'était pas trés sûr et l'autorité militaire, toute puissante, avait interdit à Delingette de partir seul et exigé qu'il s'agrège à la Mission Gradis.

 

Enfin, presque au même moment, le 19 Novembre 1924, le Lieutenant Paolacci, à la tête d'une escadrille de trois Breguet XIV tente de rallier Adrar à Bourem (où il retrouvera le Maréchal), au bord du Niger et atterrit à Ouallen, pour la première fois. C'est sans doute lui qui a pris  la photo de Ouallen avec les quatre Renault 6x6.

 

 

C'est l'escadrille du Lieutenant Paolacci qui a pris la photo ci dessus le 19 Novembre 1924

 

 

La photo du 19 Novembre 1924 vient de la pagede de Jean Marie Laporte sur le site du 3ème Groupe de Transport.

Ne manquez pas d'aller lire son "séjour à Ouallen" en cliquant l'image de la Compagnie du Touat ci contre

La photo transmise par Jean Marie Laporte est la même que celle publiée dans le livre d'Henri de Kerillis sur la seconde mission Gradis

(Cliquez sur le livre).

 

 Ouallen hier

 

Jacques Annic
Lucino Bovina sur

 Jacques Annic - Météorologue à Ouallen

J'ai tenu de février 1957 à mai 1958 la station météo d'Ouallen en compagnie de 2 radios de la compagnie saharienne et quelques goumiers.

Bordj Ouallen se trouve à 250 km au sud de Reggan à 69 km à l'est de la piste impériale. Sur Google Earth, on distingue une petite tache sombre encadrée de blanc positionnée : 24°36'26" N et 01°17' E.

Si l'été était plutôt calme en raison de la chaleur (j'ai relevé 46° sous abri les 15 et 16 août 1957), l'hiver nous recevions parfois des visites de missions de géologues dont une équipée de 2 hélicoptères Alouette 2, d'hydrologues et même d'anti-acridiens pour tuer les criquets « à leur naissance » avant qu'ils ne forment des « nuages ». Nous eumes aussi la visite d'un peloton de méharistes avec un lieutenant qui était savoyard, 2 sous-officiers radios et une dizaine d'indigènes.

Toujours pendant la saison d'hiver, des caravanes de Touareg remontaient des moutons du Sahel où ils les élevaient pour approvisionner les oasis du nord. Nous profitions pour leur acheter un mouton pour nous approvisionner en viande fraîche. 

 

Aimé Mollion, sur le site du 3éme Groupe de Transport  écrit, dans les années 1960:

Ouallen, c’est un fortin abandonné, entouré de barbelés et miné dans son pourtour.

Il a été construit par l’armée pour contrôler les allées et venues des caravanes, des nomades.

Je crois que nous étions là, dans le cadre d’une sortie organisée pour les hauts gradés et leurs épouses venues pour Noël. Il fallait donc un radio… ce fût moi.

Le fait le plus marquant de cette journée, pour moi, fut d’avoir à notre table de bivouac un voyageur qui traversait seul le désert avec son méhari. Il venait de très loin et se rendait au Mali. Il avait enlevé ses chaussures et n’à accepté, pour tout repas, que les friandises qu’on trouve dans les boites de ration (confiture, nougat etc.…).

Véhicules des "Météos"

 

Arriver à Ouallen et y entrer

Pour y aller, c'est relativement simple.

 

Arrivé à Bordj Weygand (ou Balise 250), depuis Reggan ou Tessalit, sur la Piste Impériale N°2,  vous cherchez le panneau indicateur OUALLEN et vous suivez la piste.

Arriver autrement à Ouallen

 

Images de Kerleo

Mais, Annic, était, lui aussi,  proche de la piste.

 

 

Or, en 1924, la seconde Mission Gradis traverse le Sahara pour rejondre le Dahomey (Bénin actuel) avec trois Renault à 6 roues. Le Maréchal Franchet d'Esperey fait partie de l'expédition: il ne s'agit donc sans doute pas de la mission Gradis!. 

Quoique...Car il se trouve qu'au même moment, le Capitaine Delingette et son épouse, sur une Renault 6x6, veut joindre Alger au Cap et que les autorités militaires sahariennes lui ont interdit un passage solitaire et que, pour traverser le Tanezrouft, la seule solution est de partir avec la mission Gradis!

   Environs d' Ouallen

Tombe du Légionnaire

 Heim Gilbert, sur Panoramio,  le 22 juin 2009, a dit:

Dans les années 1957/1960 ce fort était une station météo de l'armée. Je confirme qu'il y avait des légionnaires d'origine allemande comme l'atteste une tombe trouvée sur place d'un légionnaire d'origine de Rheinbischofheim en pays de Bade, près de Strasbourg. Une inscription sur un grand rocher avant d'arriver au fort portait la date du 24/12/1940 signé Kirche et Ottmann

 

 

Météorite de Ouallen

 En 1936, Théodore Monod trouve, pas très loin de Ouallen, deux météorites récentes

La météorite de Ouallen a été découverte en 1936 par Théodore Monod dans le Tanezrouft (Sahara algérien). Selon le Meteoritical Bulletin Database, la météorite est une chondrite ordinaire de type H6. Elle est actuellement conservée au Muséum national d’Histoire Naturelle de Paris. Le poids total de la météorite est de 5,27 kg.

Balise 250 - Poste Weygand

 Il n'en reste rien, ou presque, mais, c'est là qu'il y a le panneau routier vers Ouallen.

Et au Sud de Poste Weygand, plusieurs sations néolithiques dénichées sur le Bulletin de la Socéité Préhistorique Française de 1953

Piste de Poste Weygand à Ouallen

Attention à ne pas écraser les girafes (24°32’24’’N et 01°17’E)