Ténéré 1974

                        

 

                       


 Le projet

Le projet consiste à rallier Djanet à Iférouane en passant par le Ténéré, 1400 km environ.

En 1974, les informations sont inexistantes ou plutôt difficiles d'accés.

Mais les cartes sont là, Michelin bien sur, mais aussi IGN à grande échelle que l'on peut encore acheter car les états concernés ne l'ont pas interdit

Pour préparer ce voyage, les photos aériennes consultées à l'IGN sont précieuses, mais difficiles à lire.

Les moyens de navigation sont simples, mais finalement efficaces:   Boussole, Compteur kilométrique, Carte,  Équerre, règle et crayon

L'inquiètude, dans la préparation, ne vient pas du Ténéré proprement dit mais du passage entre le Gréboun et Iférouane.

Si on ne peut passer, il faudra revenir à Djanet.

Le Lieutenant Colonel Armand, navigateur des Missions Berliet Ténéré dans les années 60 (La mission Berliet-Ténéré, qui quitte Djanet le 17 Novembre 1960 emmène, sous la direction de Maurice Berliet et de son navigateur,une caravane de 9 Gazelle Berliet, 3 Land 109, 2 Land 88 et un hélicoptère Alouette.), consulté sur la faisabilité de la traversée du Ténéré  nous a prodigué ses conseils qui ne nous ont pas découragés malgré les termes de son courrier (Aout 1967) :

 

                Il est vrai que, face aux moyens de la Mission Berliet, quelques années plus tôt, nos moyens sont plutôt folkloriques

Nos moyens

Les véhicules sont disparates:

Une R4 plus trés jeune. Mais on lui avait refait le moteur en poussant la cylindrée à 1100 cm3.

Une VW de vingt ans d'âge, aménagée dans le style Baja: ailes allégées, porte à faux raccourcis, de bons amortisseurs et des pneus un peu plus gros!

Seule la Simca 1100 VF2 camionnette était neuve.

La préparation des véhicules, limitée,   a consisté essentiellement à embarquer l'autonomie suffisante en essence et en eau pour nous permettre, depuis Djanet d'atteindre l'Adrar Bous et de faire éventuellement demi tour car, atteindre Tadera Er Roui, dans une région de montagnes n'était pas évident.

Pour tous : amortisseurs De Carbon, les seuls un peu efficaces disponibles à l'époque, et pour la R4, des pneus de 155x13 au lieu des 135x13 d'origine. C'est tout.

L'essence et l'eau sont dans des jerrycan pour la R4 et la VF2.

Pour la coccinelle VW, des réservoirs en polyester (qui fuient ) occupent le coffre avant et l'espace derrière le siège arrière . Des jerrycans en plastique sur le toit complètent l'attirail!

La navigation

Un point trés délicat car à cette époque point de GPS : on a mis un compas dans chaque voiture.

La carte Michelin, évidemment, mais au 1/ 4 000 000 éme. Et puis les cartes IGN au 1/ 1 000 000 éme et au 1/ 250 000 éme.

Avant de partir, un tour à l'IGN à Saint Mandé nous a permis de consulter les photos aériennes  de la région , mais ces photos étaient impossibles à exploiter

Cependant, juste avec la boussole, le relevé des caps et le kilométrage on a vu Greïn aprés 500 km de route (!!!) à la position où on l'attendait

Avant la piste

On en parle rarement, mais il y a une vie avant la piste!

Quand l'Algérie était abordable on prenait le bateau vers Alger.

Ensuite, il fallait, aprés avoir passé l'Atlas Tellien, les Hauts Plateaux, l'Atlas Saharien et traversé la région des Dayas avec leurs énormes pistachiers dans les trous d'eau temporaires (Dayas),après Laghouat,  aller sur Ghardaia.

Car Ghardaïa mène à tout!

Evidemment, après, les voies divergent!!!

De là, on peut aller vers l'Est, l'Ouest, ou plein Sud.

 

Le Mzab

Il est incontournable.

Je ne sais si, comme Ghadamés, il fait partie du Patrimoine Mondial de l'UNESCO.

Mais, si ce n'est pas le cas, c'est injuste.

Le Mzab est un joyau.

Ghardaia, évidemment.

Mais aussi Bou Noura.

Et son cimetière!

Au bord de la mer de sable, et plus beau que celui de Brassens

Mais, si, comme moi,  vous aimez les cimetières, ils sont l'histoire et la civilisation passées , allez voir celui d'Hergla, à coté de Sousse, avant qu'il ne soit englobé dans la Ville!

Vers Djanet

Pour aller vers Djanet (Ex Fort Charlet), depuis Hassi Messaoud, il faut encore aller vers l'Est et vers le Sud.

Trois possibilités:

-La plus facile, le goudron jusqu'à In Amenas et même un peu plus loin et Illizi, l'ancien Fort Polignac qui n'est plus qu'à 550 km de Djanet en passant par Zaoutallaz, l'ancien fort Gardel

-La plus courte , mais la moins fréquentée (interdite sur crate Michelin) qui, depuis Hassi Bel Guebbour, sur le goudron à 300 km d'Hassi Messaoud, passe par Bordj Omar Driss (Ex Fort Flatters) puis par Aïn El Hadjadj ( la fin de la colonne Flatters) avant de rejoindre Illizi.

-La plus fréquentée dans les années 60-70 qui , depuis Hassi Bel Guebbour et Bordj Omar Driss ,  permettait d'aller jusqu'à Tamanrasset. On la quitte à Amguid , où les restes de la Colonne Flatters n'ont pû s'abreuver, pour, plein Est, rejoindre Zaoutalaz et Djanet

Descendre vers Gardel !

 

On a pris la plus facile . Les 270 km de caillasses depuis Illizi font espèrer Gardel.

La descente vers la peneplaine qui rejoint Amguid à Djanet est une délivrance.

Pourtant, Gardel, ce n'est rien.

C'est seulement le fortin qui contrôle ce carrefour, fondé par l'officier Gardel (Lieutenant, capitaine,...?) .

Fort Saganne en somme (écrit par le fils de Gardel)!

             

Et à partir de là, tout devient plus facile : le paysage mais aussi la route et dieu sait si la qualité de la route est importante au Sahara!

Les Thalas, ces acacias épineux, trés désagréables plus bas pour les pneus, réapparaissent!

La vie, désertée du Fadnoun, sans être exuberrante, réapparait !

Si vous roulez la nuit, ce qui n'est jamais conseillé, attention de ne pas écraser les gerbilles qui pullulent.  

Juste avant Djanet

Quelques dizaines de kilomètres avant Djanet l'Erg d'Admer, un des plus beaux car l'un des plus petits, vient lécher la piste et malgré les efforts des Ponts et Chaussées locaux, le passage est toujours délicat : c'est le premier sable

La R4 s'en sort bien.

Les autres aussi.