Forts du Sahara de l'Ouest

                          

                       

BORDJ FLYE SAINTE MARIE

1 927
27°19'00" N
02°59'00" W
Derniers Forts
Position en KM  

Pourquoi débaptiser Fort Vilette en celui, peu commun, de Flye Sainte Marie

Dans une version précédente de cette page étaient évoqués deux raids, l'un en 1904, l'autre en 1926, menés tous deux par un officier portant le patronyme de Flye Sainte Marie.

Or ces deux raids ont certes été menés par un Flye Sainte Marie, mais ce n'étaient pas une personne unique:

Chronologiquement, le premier apparu sur le devant de l'Histoire en 1904, se prénommait Pierre.

Le second, celui de 1926, se prénommait Jean et il était le neveu de Pierre!

D'aprés le livre "Forts et Bordjs" de Marc Franconie (Président de La Rahla) et Robert Delerive , il aurait été nommé ainsi en souvenir du Raid de 1904 mené par Pierre Flye Sainte Marie, qui termina sa carrière en tant que Général.

Mais, le raid de 1926 à la poursuite  d'un puissant rezzou Reguibat qui devait attaquer les oasis de Tabelbala ou du Touat, conduit par le neveu Jean, était récent dans les mémoires, d'autant qu'au combat d'In Zize, le rezzou avait été anéanti.

Finalement, il est fort possible que renommer Bordj Violette (construit en 1927) en Bordj Flye Sainte Marie ait été dicté par le souvenir des deux Flye Sainte Marie, l'oncle et le neveu!  

Reconnaissance Pierre Flye Sainte Marie (octobre 1904-janvier 1905)

 Le 31 octobre 1904, le capitaine Flye Sainte Marie, Commandant de la Compagnie du Touat  quitte Adrar avec quatre-vingt dix méharistes commandés par les lieutenants Niéger et Mussel pour essayer de joindre Tindouf depuis Adrar

La colonne se porte sur Hassi Inifeg que le lieutenant Niéger a reconnu en 1902; le 13 novembre, elle est à Bou Bernous dans le Menakeb. Le capitaine Flye Sainte Marie fait rechercher les nombreux points d'eau de cette région par des patrouilles. Puis, suivant la lisière sud de l'Erg Iguidi, il gagne Bouboule et El Ghers, puits importants de l'Ouahila; il identifie aussi Grizimat et Oum el Gueddour. Dans le Regbat de l'Iguidi, il passe à Oglet Yacoub. De là, le chef de la reconnaissance décide de pousser plus à l'ouest en direction de Tindouf, capitale des caravaniers Tadjakant et le 3, il atteint Aouinet Legraa, belle source agrémentée d'un bouquet de palmiers. Ce point, visité la première fois par Lenz ne sera vu de nouveau qu'en 1914 par le capitaine Mougin.

Au retour, le détachement passe à Oglet Yacoub, traverse le plateau des Eglab, abreuve à Chenachane, franchit le Reg Aftout, repasse à Bou Bernous et, par la piste directe d'Arigat el Fersig, rentre à Adrar le 9 janvier 1905.

Voici leur parcours de 2300km en deux mois:

Photo de groupe de Niéger, Cottenest  et Flye Sainte Marie prise par leur patron: Laperrine

                                                                                                           Photographes d'Afrique

Enfin, de ce voyage, Flye Sainte Marie, mais aussi le Lieutenant Mussel, a ramené plusieurs croquis

Images issues de Limafox  

Pendant la Grande Guerre, le 75 RI et son Commandant, le Lieutenant-Colonel Pierre Flye Sainte Marie, reçurent plusieurs citations, dont:

Allez visiter Romans en cliquant sur son blason à gauche. Vous pourrez y voir le Lieutenant-Colonel Pierre Flye Sainte Marie,   du 75ème Régiment d'Infanterie

Pierre Flye Sainte Marie, Peintre

Pierre Flye Sainte Marie, auteur des croquis du raid de 1904 a poursuivi sa carrière de militaire en celle de peintre,de 1931 à 1943.

Oeuvrre appartenant à la famille

Jean Flye Sainte Marie

Pierre Flye Sainte Marie (1869-1956), qui  était un compagnon de Laperrine, a fait l'expédition de 1904 relatée ci dessus. Il est l'auteur des croquis ci dessus. Lieutenant à l'époque, il a été Lieutenant Colonel au 75éme RI à Romans et il a fini sa carrière Général. Il était également peintre amateur.

Jean Flye Sainte Marie (1896-1964). Neveu du premier, est l'auteur du raid dans le Hank de 1926 qui a inspiré "L'escadron blanc" de J Peyré. C'est l'homme à la casquette et à la cigarette . Il devrait figurer dans la partie raid du Hank de 1926. Après le Sahara il sera affecté au Maroc, puis fera pendant la deuxième guerre mondiale les campagnes de Tunisie, Italie, France et Allemagne avec les goums marocains.

Renseignements aimablement communiqués par le petit-neveu de Jean Flye Sainte Marie

Escadron Blanc

Auteur : Joseph Peyré

Décembre 1928… Depuis des jours, l'escadron blanc suivait la falaise sombre du Hank, qui fuit vers l'ouest et vient mourir dans la mer des sables. Comment distinguer des silhouettes des hommes celles des chefs : Flye Sainte-Marie, Fouchet, Lederff ?

Le vent soufflait dans les burnous. C'était sur la piste d'El Kseib.

Je dédie ce livre à mon frère, de la compagnie saharienne du Touat, qui marchait à la gauche de Mohammed Ben Ali lorsque celui-ci fut frappé par la mort, et qui a voué au Sud, lui aussi, un amour aride.

Jean Flye Sainte Marie vers Taoudenni - 15 janvier- 21 avril 1926

Un projet de liaison avec les méharistes de Mauritanie ayant été annulé, le lieutenant Flye Sainte Marie, commandant le groupe mobile du Touat (cent vingt-six hommes), est chargé de reconnaître la région du Hank et de faire ensuite liaison à Taoudenni avec un peloton du Tidikelt (lieutenant de la Bonninière de Beaumont). Il est accompagné du lieutenant Duleurie, stagiaire de l'infanterie coloniale. Emportant deux mois de vivre, le groupe Flye Sainte Marie quitte Oguilet Mohammed le 15 janvier 1926, patrouille dans le Menakeb, passe à Bouboute, El Rhers, Oglet Yacoub et arrive à Chegga le 12 février. De là, il longe le Hank, visite El Kseib, Daiet el Khadra et atteint Mzerreb le 15. Plusieurs patrouilles explorent le plateau du Hank et découvrent Kraouiname, El Moilhen et surtout Tamsagoute, puits important sur la piste des rezzous. La région est sillonnée de nombreuses traces qui dénotent que les pillards se croient en absolue sécurité. De Tamsagoute le groupe mobile se porte sur Terhazza (4 mars), Oum el Assel (6 mars) et arrive à Taoudenni le 10 mars. Liaison est faite le même jour avec le peloton de Beaumont qui a quitté Tessalit le 19 février. Le 12 mars, les deux reconnaissances se séparent: le lieutenant de Beaumont repart pour El Guettara et ln Dagouber, tandis que le lieutenant Flye Sainte Marie reprend la route du nord par Sbita et Terhazza. A Toufourine , le 20 mars, il trouve un convoi de vivres qu'escorte un peloton de la Saoura (lieutenant Colonna d'Ornano, stagiaire de l'infanterie coloniale). Le lieutenant Flye Sainte Marie revient par Chenachane (27 mars), Bouboute (ou il se sépare du peloton d'Ornano), Ain el Berda dans le Menakeb ( ler avril) il rentre à Timimoun le 21 avril ayant fait une des plus longues reconnaissances sahariennes (plus de trois mille kilomètres), découvert quatre puits et reconnu l'accès du dernier relais des rezzous : Agueraktem.

La distance parcourue correspond à des étapes de 40 km par jour!

a

    Rentré à Timimoun le 21 Avril, il date son rapport du 27 Avril 1926!

Combat d'ln Zize - Lieutenants Jean Flye Sainte Marie et de  Beaumont-Août 1926

Récit complet d'In Zize  

 

  Le 3 août, on apprend par un télégramme d'Adrar que, la veille au soir, un rezzou de cinquante Reguibat a pillé le ksar de Bamessaoud dans le Bouda.

     Aussitôt, le lieutenant Flye Sainte Marie part à la poursuite du rezzou avec les hommes les mieux montés: vingt-trois méharistes de la Saoura et six du Touat. Après une longue marche de nuit le groupe arrive au Bouda. Le 10, il est à Adrar d'où on le dirige rapidement sur Reggan (13 août). Il y fait liaison avec le peloton de Beaumont du Tidikelt .

     Les traces du rezzou suivies pendant une dizaine de kilomètres indiquent que les pillards se dirigent vers l'Ahnet.

  Pendant deux nuits et un jour, c'est une marche ininterrompue, les hommes poussant les animaux devant eux. Le 17, abreuvoir rapide à Ain Tiklidine dans l'Ahnet. Le 19, une patrouille découvre le cadavre de l' adjudant en retraite Latreche assassiné par le rezzou dont les traces se dirigent vers Ouallen ou ln Zize. A Tazzait, le lieutenant Flye Sainte Marie apprend que le rezzou qui n'a plus que deux jours d'avance a assassiné l' adjudant en retraite Lecheheb et pillé son campement. Du 21 au 22 août, les traces sont suivies avec peine dans les cailloux.

     Les vivres sont presque épuisés et vingt chameaux sont incapables de continuer cette course folle vers la guelta d'ln Zize.

 Dans un terrain épouvantable, la poursuite reprend à vive allure derrière le rezzou lui aussi exténué (il a dû abattre dix chameaux pour boire l'eau contenue dans leurs intestins). Le 25 au matin, le lieutenant Flye Sainte Marie arrive à la guelta d'Ilassen.

     C'est dans ces conditions que le 26 août à 11 heures le groupe Flye Sainte Marie parvient au foum   d'ln Zize.

     Le combat s'engage par une chaleur écrasante, dans un terrain extrêmement difficile qui donne tout l'avantage à l'ennemi ,mais, devant la supériorité numérique des Rguibat, aprés avoir fait subir de lourdes pertes à l'ennemi, le groupe Flye décroche.

Vers 16 heures, le temps n'ayant cessé de s'assombrir depuis le matin, une averse aussi violente que providentielle laisse sur le reg des flaques dans lesquelles on peut abreuver les chameaux et recueillir de l'eau. La route est reprise alors vers Adrar.

 D'Adrar le groupe Flye rentre à Timimoun {3 octobre} et le groupe Beaumont à Tabelbala (9 octobre).

Suite à ces évènements,  la construction d'un bordj  est décidée dans le Menakeb et, en 1927, le point d'eau de Bou Bernous est choisi.

C'est là que sera édifié le Bordj Violette, futur Bordj Flye Sainte Marie