Forts du Sahara de l'Ouest

                                                                                                           

SUR LA FRONTIERE MAROCAINE

1940 ?
Derniers Forts
 

Oum el Achar

Position en KML

Localisation précise par Philippe Coiffier qui y était en 1962

 

Le lieu est connu depuis la prise de Tindouf en 1934, mais il ne s'y est rien passé jusqu'à la "Guerre d'Algérie" et on n'a donc que trés peu d'informations sur ce poste isolé, à l'exception d'un témoignage tardif, la veille de l'évacuation en 1962 et un article sur les Bat d'Af (voir plus loin)

Témoignage du général Douceret  sur les BatdAF dans 3GT

. ..comme jeune lieutenant pendant mon séjour au BILA et en particulier au poste d’Oum el Achar que j’ai commandé pendant quinze mois.

       Ce poste se trouve dans l’angle nord ouest du Sahara algérien, avec le Maroc au nord et la Seguiet el Hamra sous domination espagnole à l’ouest. Considéré comme stratégique (8), il était en liaison radio directe avec Alger. Il était situé sur un sommet de la chaîne de l’Ouarkziz, massif qui s’étend sur un millier de kilomètres, véritable vague pétrifiée avec sa pente sud ascendante en un long tablier strié de thalwegs, sa crête hérissée d’arêtes rocheuses et son versant nord vertical tombant sur la vallée de l’oued Draa. Chaîne nue et aride, muraille de Chine naturelle défiant les siècles, faite de rocailles brûlantes, – feu de la terre ou de l’enfer –, à la fois obstacle dantesque et rempart du silence, d’une splendeur changeante et pourtant immuable.

      À l’aplomb du col où la piste du Maroc s’engouffrait, le poste perché au sommet de la crête, point perdu dans l’espace, était comme un nid d’aigle. Seuls pouvaient y accéder des véhicules légers ou chenillés par la piste en lacet, longeant parfois l’à pic de la gorge, gravissant la pente de biais au risque de basculer vers le bas.

C’est dans ce poste dont l’effectif oscillait entre 110 et 125 personnels que j’allais vivre, seul officier, dans des conditions difficiles, un isolement total, une chaleur éprouvante , une absence d’eau potable , une garnison de têtes brûlées, que j’allais vivre donc une expérience qui me marquera à jamais.

Et Phil, dans une page sur l'évacuation du poste, en 62, écrit:

Cinq ans avant mon séjour le poste avait été attaqué (c'est la seule chose que je savais du passé du fortin) parce que les vestiges nécessitaient des explications de nos supérieurs. (en 1957, tous les occupants du poste sauf une vingtaine y avaient .... c'est ce que l'on nous disait en arrivant et pour ma part je n'ai pas posé de question...)

Cela nous motivait pour ouvrir l’œil et les oreilles... j'ai appris à dormir d'une seule oreille....

Philippe Coiffier - Mai 1962                                   

 

       

 

 

    

Ce canon n'était pas là pour la frime! Pas à cette époque.. Le poste OEA a été et était l'objet d'attaques [ en 1955 lors d'un assaut nos prédécesseurs ont vécus des moments très durs (!) et le fortin a été détruit en grande partie]....

Jusqu'au cessez-le feu de mars 1962 nous étions en alerte permanente.., et très motivés de ce fait.

Chaque soir nous préparions le canon... Le canon était, comme la photo le montre, posé sur un toit d'une sorte de blockhaus dans lequel notre Lieutenant, chef du poste, avait installé ses quartiers... (il y faisait nettement moins chaud en été)  

Photos de https://youtu.be/JJQTmBksxHk

Hassi El Mounir

Position en KML

Il n'a pas été facile de retrouver ce poste car la position du puits, dans la base de données américaine des noms, était à 10km au NE du poste.

Mais, là, c'est bien lui, carré, 40m de coté, avec, juste à coté deux peupliers!

En 2020, sur Virtual Earth, plus précis que Google Earth, les deux tours diagonales sont encore debout, mais les murs ont disparu.

C'est, avec Oum El Achar, et plus que lui, un des postes les plus isolés d'Algérie.

Sans doute, était ce nécessaire, car , comme Oum El Achar, il abritait des Bat d'Af!

Les BatDaf

Les Bataillons d’Infanterie Légère d’Afrique (BILA), plus connus sous leurs surnoms de Bat’ d’Af’ et de "bataillons de chasseurs légers" , étaient des unités relevant de l'Armée d'Afrique, composante de l’armée de terre française.

 Ils regroupaient des militaires libérés deprisons militaires des divisions territoriales puis des régions de corps d'armée, pénitenciers, ateliers de travaux publics et du boulet, ou sanctionnés durant leur service .

Camp de Biribi à Foum Tataouine

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Les Bataillons d'Infanterie Légère d'Afrique (BILA) étaient des bataillons formant corps. Leurs soldats, souvent âgés, relevaient de 54 catégories judiciaires différentes, allant du délit de chasse ou de pêche à la tentative de meurtre.Dans leur plus grand nombre, les "joyeux" sont des hommes affranchis dont la destinee est extrêmement variee.Leur seul point commun est le casier judiciaire.

Mais dans l' ensemble, ils passaient pour être extrêmement redoutables, non seulement pour les ennemis, mais aussi pour les troupes des autres corps.

Le Général Douceret, ci dessus commandait le 3ème BILA. Il écrit:

j’arrivai donc à Tindouf en juillet 1957. Petite oasis algérienne en plein cœur de l’ouest saharien, l’un des marchés avec celui de Goulimine au Maroc, des nomades R’guibat plus connus sous le nom d’hommes bleus, ce lieu était considéré comme l’un des pôles de la chaleur. La majeure partie du BILA occupait trois bordjs à Tindouf ; deux compagnies étaient détachées à la frontière marocaine, sur l’oued Draa, à 250 kilomètres au nord, dans les postes d’Oum el Achar et d’Hassi el Mounir.

 L’insigne du corps comportait une pagode, rappel de l’Indochine, le scorpion de Zarzis (?), et le cor de chasse dont l’embout est tourné à l’envers de celui des chasseurs classiques. La tenue des Joyeux correspondait à celle des légionnaires, notamment le képi et les épaulettes. Mais la tenue de travail comportait le port du calot violet ; le violet est une couleur à double face : tantôt elle suggère le mystère, la sagesse, c’est la couleur des évêques ; tantôt elle désigne la provocation, le deuil : pour les Joyeux, le symbole était clair, c’était la représentation de la souffrance et de la pénitence.

Les seules références à Hassi El Mounir sont celles ci : aucune information historique et aucune image!

Mais, récemment, un Mel d'un visiteur de Forts et Bordjs:

Bonjour

Dans le secteur de Tindouf, connaissez-vous l’oasis de Hassi el Mounir, que j'aimerais bien localiser sur une carte.

Je recherche ce lieu que je ne trouve pas pas . Mon frère y étant mort en 1959

Merci de votre aide si possible

Bien cordialement

xxx

  Cela chauffait donc aussi à Hassi El Mounir

31 Octobre 1963

  Le 2 octobre 1963, l'armée algérienne s'empare de Tinjoub, Ich et Hassi Beïda, à 40km au Nord de Tinfouchy. 

C'est le début de la "Guerre des Sables" entre le Maroc et l'Algérie qui durera jusqu'au 1er Novembre, date anniversaire du début de la rébellion algérienne contre la France.

Cette guerre a impliqué les localités (ou forts) de Hassi el Beida, Tinjoub, Hassi el Mounir, Oum el Achar, Merkala, Tindouf.

Et le 31 Octobre, avant le début de l'armistice imposé par les Russes,  les Cubains (impliqués sur place) et l'OUA:

 

Et, presque en direct dans un film ,"Guerre des Sables 1963 ou la Defaite militaire algerienne" édité par FAR Maroc   

   Cette video montre le fort OEA, comme l'appelaient les Français, en parfait état, à moins qu'il n'ait subi quelques destructions, peu de jours aprés, quand les Marocains ont évacué!

Octobre 2014: Bruits de bottes au Maghreb

Dans Autos utilitaires du 22-08-2012:

.....L'autre projet d’axe routier en zones frontalières concerne l’axe  Tindouf-Merkala-Oum El-Achar, en allant vers les frontières marocaines, a bénéficié  d'une opération de 120 km pour une enveloppe de 2,1 milliards de DA dégagés  sur plusieurs programmes de développement entre 2005 et 2009, sachant que cet  axe routier était, avant 2005, sous forme de piste frontalière.

...Le troisième axe routier frontalier, d’un linéaire global de 510 km,  a porté sur la réalisation de 60 km, en deux tranches, depuis la RN-50 jusqu’à la localité de Hassi El-Beida, pour une enveloppe de 900 millions de DA puisée  du programme de développement quinquennal 2010-2014.      

Le goudron est donc neuf, aujourd'hui, à Oum el Achar et Hassi el Mounir.

19 Octobre 2014

"la réalité est qu'une patrouille de gardes-frontières, qui a été ciblée, ce jour-là, par des jets de pierres lancés par un groupe de contrebandiers marocains, a réagi d'une manière professionnelle, comme d'habitude, par deux tirs de sommation en l'air qui ne peuvent, en aucune manière, provoquer des blessures".

"La manipulation des faits et l'escalade dans le discours des autorités marocaines, à des fins pour le moins inavouables, témoignent d'une attitude irresponsable qui ne sied point aux valeurs de fraternité et de bon voisinage qui lient les deux peuples", a déploré Alger.

Une frontière fermée depuis 20 ans - La frontière entre les deux pays - qui totalisent plus de 70 millions d'habitants à eux deux - est fermée depuis août 1994, lorsque le royaume avait rendu responsable les services de renseignements algériens d’un attentat à Marrakech.

Epilogue: 19 Aout 2017 Message de Phil

 

     

Bonjour,

Je suis l’auteur que vous citez dans votre site "Saharayro- bordjs Sahariens" sur la page dédiée à « Oum el Achar ».

 Les photos que vous publiez sont les miennes à l’exception d’une prise de vue ( de Serge Douceret que j’ai rencontré récemment).

 Il semble que seuls Serge Douceret et moi-même évoquions ce petit poste juché sur une crête du massif de l’Ouarkziz.  

Aujourd’hui (depuis que je l’ai positionné en 2011),  Google Earth situe "Oum el Achar"... ainsi que la passe « lac de Tafagoun », et les postes Hassi el Mounir et Tinfouchy.  

Le Mercala m'était  familier.

J’ai également été affecté à Tindouf ....juste avant et juste après mon long séjour passé à OEA.
Cordialement

 

Philippe Coiffier.