Lorsque je me suis approché de l'avion et que j'ai
découvert les documents, j'ai compris que l'accident s'était passé en 1933. Quelques heures après j'ai eu la bonne
fortune de rencontrer un géologue en mission dans le Tanezrouft, qui, grâce à
ses connaissances d'anglais, a pu me donner l'identité exacte du pilote. La
chute de l'avion avait eu lieu à 70 kilomètres à l'ouest de la piste impériale
n' 2, à 296 kilomètres au sud de Reggane, à 219 kilomètres au nord de Bidon V.
Il ne restait de l'avion que la carcasse métallique
calcinée par le soleil. Avant de mourir, le capitaine Lancaster a accroché à
une aile de son appareil sa photographie, son thermos et un porte‑documents en
aluminium dans lequel il avait glissé son carnet de bord, ses dernières notes.
Son corps reposait la face contre terre ; le cuir
chevelu, la barbe, les dents recouverts par le sable étaient dans un état
extraordinaire de conservation alors que la partie du corps restée à l'air
était momifiée, parcheminée. Une main crispée apparaissait sur le sable. On
reconnaissait encore sur lui un tricot vert, sa combinaison d'aviateur.
Rapport de l'adjudant Titus
Polidori du Groupe saharien mixte du Touat, février 1962.
Les
notes que le capitaine
Lancaster a écrites pendant sa lente agonie, et qui ont été
retrouvées près de lui, ont servi à Sylvain
Estibal dans l'écriture de son merveilleux roman,
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